Cabinet d'Aoi Okayashi

Chlorine était arrivée devant l'immeuble où, au 37 eme étage, elle allait trouver celui qu'elle cherchait. Elle se dirigea d'office vers les ascenceurs, sans même voir les gens qui se pressaient autour d'elle. Elle monta dans la cabine avec une vieille dame à moitié sénile qui vociférait à voix basse, plusieurs cadres surmenés, une jeune assistante portant une pile de dossiers. Plusieurs d'entre quittèrent la cabine entre le 12 eme et le 20 eme étage, ile ne restait plus que Chlorine et la vieille qui entreprit de lui faire la conversation. Manque de chance, celle-ci allait aussi au cabinet d'avocats.

Résultat, la conversation se poursuivit dans la salle d'attente. Chlorine réussit à s'end ébarrasser le temps de solliciter un rendez-vous auprès d'Okayashi, mais à peine s'était-elle rassise qu'elle devait de nouveau subir les histoire de quartier colportées par la vieille. Quand, enfin, la secrétaire d'Okayashi vint lui dire que monsieur était libre, elle l'accueuillit comme un messager du paradis.

"Bonne chance ma p'tite dame !"

"Merci ..." grommela-t'elle avant de disparaitre dans le bureau noir et blanc d'Okayashi.

Maître Aoi Okayashi n'avait pas changé d'un pouce en trois ans, les mêmes cheveux noirs d'encre taillés courts, les mêmes petites lunettes cerclées de métal rouge, les mêmes expressions neutres et objectives. C'était certainement le meilleur avocat qu'elle puisse jamais trouver, car malgré son air froid et absolu, il s'était passioné pour leur affaire et avait usé de tout son talent au barreau pour réduire au maximum la peine qu'encourait Cole. Celui-ci n'avait eu "que" 7 ans de réclusion.

Comme parfois, le regard de Chlorine partit dans le vide et son esprit, loin. Les images défilaient devant ses yeux, elle en oubliait cet homme aux petites lunettes métalliques assis en face d'elle. Il ya trois ans, elle se souvenait de l'expression peinte sur le visage de Cole, et à qu'elle point elle avait pu lui en vouloir de l'avoir forcée à ce mensonge. De son regard qu'il a levé vers elle, et d'à quel point elle s'en était voulue de tout ça.

Elle se souvenait de la discution qu'elle avait eu avec Cole autour de ce cadavre, cette nuit-là, de tout ce dont ils avaient parlé, de leur passé, de ce présent stupide et de leur avenir. De ce qu'il lui avait dit de faire, de tout ce qu'il lui avait dit de dire. De ce soir où elle avait vraiment eu l'impression de voir ce lien invisible qui la rattachait à son jumeau.

Elle se souvenait de ce dernier soir, après le jugement, où Angel lui avait tenu la main pour la dernière fois, et de cette promesse qu'il lui avait fait faire. De ses derniers mots avant de partir. Et de l'instant où elle avait dit à Cole qu'elle ne le reverrait plus.

La voix froide et dure d'Aoi Okayashi, 22 ans de barreau, la ramena sur terre.

"Mademoiselle Ikunen ... 3 ans que je ne vous ai vue. Que me vaut cette visite soudaine ? Je suppose que cela a trait à votre frère. Je me trompe ?"

"Non."

A l'usage, Chlorine avait appris comment réagir avec le vieil avocat. Elle s'était longtemps demandé si celui ci avait servi dans l'armée avant d'entreprendre ses études de droits. Il aimait les réponses simples et claires, il aimait les gens qui allaient droit au but. Précisément, cela convenait exactement à ce que recherchait Chlorine. Il la dévisageait, comme il l'avait fait il y a trois ans, face à une gamine sous la choc de sa propre culpabilité, et encore étourdie des deux promesses faites à son frère et à son cousin. Elle avait déjà ses cheveux si uniques, et c'était la première chose qu'avait remarqué Okayashi sur elle. Pourtant, cela ne l'avait jamais choqué. Il acceptait les gens tels qu'ils étaient, il avait accepté le soit-disant meurtre de Cole, acceptant par là celui de Chlorine.

"Bien. Dans ce cas, si nous en venions au fait ?"

"D'accord."

Chlorine se pencha, et extrait de son sac un dossier, d'où plusieurs feuilles pliées dépassaient.

"J'ai reçu trois lettres de la prison, m'annonçant trois tentatives de suicides. Cole ne doit pas ... ne peut pas rester dans cet endroit. J'ai besoin de votre appuis pour le faire transferer dans un centre psychiatrique."

Okayashi décrocha son téléphone et demanda à sa secrétaire de venir nous rejoindre. Celle-ci arriva, reçu l'ordre de ramener un formulaire au nom incompréhensible, le papier à lettres de monsieur Okayashi, et une tasse de café.

"Laissez moi ce dossier." ajouta-t'il quand la jeune femme fut partie. "Je me charge de le faire transferer."

Chlorine sortit du bureau, en sachant qu'elle pouvait remettre l'affaire entre les mains du vieil avocat. Le visage de celui-ci, quand elle avait prononcé les mots "tentative de suicide" avait suffi en guise de réponse. Il était toujours aussi passioné par cette affaire.

*Cole ... Plus qu'une semaine.*

En sortant de l'immeuble, Chlorine se sentait tout aussi perdue et désorientée qu'en entrant, mais confiante en les capacités d'Okayashi. Sans vraiment savoir où aller, elle tourna dans les rues alentour, privilégiant les ruelles sombres et désertes aux grandes artères, de peur d'y croiser quelqu'un. Les relations sociales n'avaient jamais été son fort, et elle était en ce moment même presque terrifiée rien qu'à l'idée de parler avec qui que se soit, bien plus encore s'il s'agissait de Kazu. La veille, elle avait purement et simplement fuit de chez lui, sans attendre son retour. Mais que lui aurait-elle dit, si elle était restée ?


Au bout d'un bon quart d'heure d'errance inutile, elle se retrouva devant la bibliothèque. Agathe. Après le procès de Cole, elle s'était quasiment installée à l'intérieur de l'édifice de pierre, rivée à cette table de bois sombre dans le fond de la salle. Elle dévorait les livres les uns après les autres. Et un jour, Agathe était venue la voir, s'asseoir près d'elle. Sans rien dire au début. Puis elle s'était présentée. Doucement. Sans rien attendre d'elle. Elle lui avait finalement proposée de l'aider pendant les vacances et les week-ends, et quand Chlorine lui avait répondu qu'elle n'allait plus à l'école, agathe lui avait simplement répondu :

"Et bien venez m'aider aussi le reste du temps."

"D'accord."

Le lendemain, elle arrivait, comme chaque jour, et au lieu de contourner le comptoir d'accueuil, elle passa dedans et s'assit au bureau, à coté d'Agathe. Celle-ci s'était occupée d'elle de loin, sans jamais lui poser de questions. Agathe. Chlorine avait soudainement besoin de la présence réconfortante de la vieille femme. Elle couru à l'intérieur et poussa la porte vitrée.



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